[i544]                                               DE LA VILLE DE PARIS.                                                       43
LVIII [VII]. — Lettres de creance [du Prévot de Paris,
CHARGÉ PAR LE Roi d'une MISSION AUPRES DU PREVOT DES MARCHANDS ET DES ÉCHEVINS.]
i3 octobre 1544 (Fol. 7.)
Du lundi, xme jour d'Octobre mil v° xliiii.
En assemblée le jour d'huy faicte, en l'Ostel de la ville dè Paris, de Mess" les Prevost des Marchans, Eschevins, Conseillers, Quarteniers et deux bour­geois de chascun quartier d'icelle, pour oyr la lecture des lettres de creance de monsr le Prevost de Paris, envoyé exprez de par le Roy à lad. Ville. En laquelle se sont trouvez, c'est assavoir :
Mons' le Lieutenant civil, maistre Jehan Morin, Prevost des Marchans ;
Mess™ Seguier, Lieutenant criminel, Choppin, de Sainct Germain, Eschevins;
Mess" Luillier, Guillart, Tronson, Baillet,, de Thou, Du Drac, Prevost, G. Lelieur, M. de Brage­longne, T. de Bragelongne, Paillart, Lecomte, Courtin, De Livres, Larcher, Conseillers de lad. Ville;
Basannier, Maciot, Courtin, Danès, Lejay, Pel­lerin, Berthelemy, Croquet, Gohory, Quarteniers;
Jehan de Saincte Beufve, Chardon, Guerin, le commissaire Janotin, Pierre de Villers, Valleran Debez, Fauchet, et autres, bourgois d'icelle Ville.
En laquelle assemblée s'est trouvé mond. sr le Prevost de Paris, lequel a presenté une missives du Roy, de laquelle la teneur ensuict :
A noz très chers et bien amez les Prevost des Marchans et Eschevins de nostre bonne ville et cité de Paris.
De par le Roy. "Très chers et bien amez, nous envoyons pre­sentement par devers vous nostre amé et feal gen­tilhomme ordinaire de nostre Chambre, le seigneur de Nantoullet f1', Prevost de Paris, pour vous dire et declairer aucunes choses de nostre part. Dont nous vous prions le croire, tout ainsi que feriez nostre propre personne ; nous faisant responce sur les choses qu'il vous dira.
«Donné a Sainct Fucien <2', le dixiesme jour d'Octobre mil vc xliiii."
Signé : FRANÇOIS.
Bochetel.
Après ce que la lecture de lad. lettre a esté faicte en lad. assemblée, mond. sr le Prevost de Paris a dit, pour sa creance, que le Roy luy a donné charge venir en dilligence en lad. Ville pour remonslrer à la presente compaignée que par cy devant led. sei­gneur a trouvé les habitans de Paris ses bons et loyaulx subgetz et leur a porté autant bonne amytié que à nulle des autres villes de son royaulme, qui le faict esmerveiller et esbayr que a present, veu ét consideré qu'il est en ses grans affaires, tant à l'en­contre des Anglois qui détiennent la ville de Boul­longne, que pour les guerres qu'il a cy devant souste­nues, lad. Ville ne luy paye le reste des iiii" bi escuz à luy accordez et les v" escuz à la vefve Daubray, dont lad. Ville est obligée; lesquelles sommes veult led. seigneur sans difficulté et sans dissimulation luy estre payées, actendu qu'il a tant de foys escript à icelle Ville par amour et doulceur, puis par com-mination, dont on n'a tenu compte, et que néan -moings les autres villes de ce royaulme ont, dès longtemps a, payé leur cottité, et mesmes la ville de Rouen, laquelle a fourny plus de quarante mil livres tournois plus que Paris. Aussi, ces jours pas­sez, led. seigneur a faict demande a la ville d'Amyens de xxv"livres tournois par prest, qui luy a esté incontinant accordé et aussitost fournye sans dellay. Et ne peult led. seigneur aultre chose pen­ser sinon que le peuple de Paris est rebelle, inobe-dient et non tenant sa promesse ; et a desclairé led. seigneur qu'il en a très mauvais jugement et ne s'en peult contempler. Par quoy est deliberé que, si de­dans mercredi n'est baillé et fourny au Receveur general Marcel lesd, sommes et la responce à luy dicte et portée, qu'il n'en mandera plus rien à icelle Ville, mais fera et exécutera ce qu'il a deliberé et dont commissions sont ja décernées. A ces causes, a led. sr de Nantoullet prié lad. compaignée y en­tendre et faire par amour ce qu'il fauldroit faire par force et righeur,qui seroit ung grant inconvenient et scandalle à lad. Ville, laquelle perdrait la grace de son prince. Et a prié lad. compaignée luy en rendre
O Antoine III Du Prat, seigneur de Nantouillet (arr. de Meaux, Seine-et-Marne), fils aîné du célèbre chancelier de François I". (2) Saint-Fuscien, commune du canton de Sains, arr. d'Amiens (Somme). Il y avait en cet endroit une ancienne abbaye de l'ordre de Saint-Benoit ct de la Congrégation de Saint-Maur, établie au vi° siècle par Cbildehert. (Gall. Christ., t. X, col. i3o2.)
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